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La difficile relation avec les autorités des familles de Français partis rejoindre daesh - Sud Ouest

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Appelée pour témoigner dans le procès d’un djihadiste français, Leïla D. a appris à la barre la mort de sa fille en Irak. "Une humiliation", qui témoigne de l’ignorance dans laquelle les familles se sentent laissées.

Cela faisait trois ans que cette femme, venue exprès à Paris depuis le sud de la France, cherchait des nouvelles de sa fille, partie adolescente rejoindre les rangs de daesh. "Je voudrais bien savoir où est ma fille", demande-t-elle au tribunal mardi, avant d’apprendre qu’elle a été tuée à Mossoul, enceinte de trois mois, en 2017. "On m’a pris un bout de coeur", dit-elle, après avoir quitté Paris avec comme seule promesse des excuses à venir de la part des policiers.

"L’humiliation d’une maman devant un tribunal"

Les familles sont bien souvent à l’origine des contacts avec les autorités, en signalant la disparition de leur fils, fille, frère, explique Véronique Roy, à la tête d’un collectif de proches de personnes parties en Syrie et en Irak. Mais la relation qui se nouent entre elles et les autorités – services de renseignement, justice… – ne va que dans un sens, regrettent les familles.

Au commissariat, "on me posait toujours des questions", décrit Leïla. "Ils me montraient des photos de gens, me demandaient si je les connaissais. Et quand je demandais des nouvelles de ma fille, ils me disaient qu’ils n’avaient rien le droit de dire".

Sans nouvelles depuis la fin du mois de mai 2017, elle a continué à chercher, à contacter la Croix-Rouge… "Je suis venue à Paris, j’ai fait des recherches, j’ai laissé des messages, j’ai contacté des gens en Belgique… Tout ça pendant trois ans. J’ai cherché pour rien. Et eux, ils connaissaient la réponse". Le pire ? Ils me "parlaient comme si elle était là, ils m’ont rien dit". Après sa venue au procès, elle retient "l’humiliation d’une maman devant un tribunal".

"Elle est morte ? Ben tant pis"

WhatsApp, Telegram, Facebook : les familles restent très souvent en contact avec eux, une mine de renseignements qui rythme leur relation avec les enquêteurs. "Je leur donnais toutes les informations", se souvient Leïla D., "je ne profitais même pas de ma fille, parce que je lui demandais toujours où elle était, avec qui …".

"C’est une relation dans un seul sens", abonde Albert, père d’une jeune fille encore en Syrie. "Moi j’ai toujours été très très bien traité, je les respecte. Mais je ne leur demande plus rien, ça ne sert strictement à rien".

Il resterait dans les camps et les prisons tenus par les Kurdes du nord-est de la Syrie environ 300 Français, et presque autant d’enfants. Pour Bassel [le prénom a été changé], dont la fille est en Syrie depuis 2013, " les interrogatoires durent parfois 5 heures, 6 heures". "Ils veulent avoir des renseignements, mais pour donner des informations…", personne ne répond.

Lui est encore en contact régulier avec sa fille, mais ces dernières semaines, plusieurs familles ont perdu le contact avec leurs filles et petits-enfants. Beaucoup de parents regrettent aussi la tendance des autorités à associer les familles aux trajectoires de leurs enfants. Et quand il s’agit de raconter leurs enfants, "on est des témoins", décrit Véronique Roy. "On ne nous dit pas "mes condoléances madame"".

"Quand un enfant meurt, on nous dit "fallait pas partir madame, votre fille elle devait pas partir"", poursuit-elle. "Elle est morte ? Ben tant pis elle était au mauvais endroit au mauvais moment, tant pis. Et non, pas de condoléances, on mérite pas de condoléances. Pour eux, on est responsable de ce qu’il s’est passé, parce qu’on a rien vu".




July 02, 2020 at 11:44PM
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