![Emmanuel Macron, à Nouakchott (Mauritanie), le 30 juin.](https://img.lemde.fr/2020/06/30/0/0/3000/2000/688/0/60/0/ef9f00f_c31492f2ad37426bbb1941ad3a01c6c7-c31492f2ad37426bbb1941ad3a01c6c7-0.jpg)
« La rentrée sera difficile, il faut nous y préparer », a averti, jeudi 2 juillet, Emmanuel Macron dans un entretien à la presse régionale, en soulignant que sa priorité serait de « dessiner un nouveau chemin (…) autour de la reconstruction économique, sociale, environnementale et culturelle du pays ».
Cette priorité pour la dernière partie du quinquennat « commence par le “Ségur de la santé”. Elle va se poursuivre par un chantier sur le grand âge, puis sur l’accompagnement de notre jeunesse, car il ne saurait y avoir de génération sacrifiée ».
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« 15 à 20 milliards » pour la santé
Le président de la République a réaffirmé vouloir « préserver » le système de santé :
« Nous allons très fortement revaloriser les situations des personnels médicaux et non médicaux. (…) Nous augmenterons de plusieurs centaines d’euros les rémunérations à coup sûr (…). Le “Ségur de la santé” doit aussi permettre un décloisonnement, une simplification, plus de liberté sur le terrain, moins de bureaucratie, et au bout du compte un système plus efficace. »
« L’investissement dans les bâtiments, les équipements et le numérique sera également important : nous dégagerons au total entre 15 et 20 milliards d’euros », a-t-il poursuivi.
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Les 35 heures remises en cause ?
Interrogé au sujet d’une éventuelle remise en cause des 35 heures en raison de la crise économique provoquée par l’épidémie de Covid-19, Emmanuel Macron n’a pas répondu directement :
« Le débat que nous avions connu avant cette crise autour de la durée du nombre d’années de cotisation dans la vie continue à se poser. Nous ne pouvons pas être un pays qui veut son indépendance, la reconquête sociale, économique et environnementale et être un des pays où on travaille le moins tout au long de la vie en Europe. »
« La priorité à court terme, c’est de sauver les emplois, à commencer par l’activité partielle de longue durée », a-t-il insisté.
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Une réforme des retraites « transformée »
Ceux qui pensaient que la crise sanitaire aurait la peau de la réforme des retraites en seront pour leur frais. Emmanuel Macron assure vouloir remettre sur les rails cette profonde transformation de notre système de pensions tout en l’amendant. Votée en première lecture les 3 et 5 mars par l’Assemblée nationale à l’aide du 49-3, la réforme, qui a donné lieu cet hiver à un vaste mouvement social, avait été suspendue quelques jours plus tard par le chef de l’Etat en raison de l’épidémie de Covid-19.
« Il n’y aura pas d’abandon d’une réforme des retraites. Je suis ouvert à ce qu’elle soit transformée », déclare-t-il dans son entretien. Pour lui, ce serait « une erreur » d’abandonner la mise en place d’un système universel de retraite car ce dernier est « juste ». Notamment, explique M. Macron, pour celles et ceux, en « deuxième ligne », qui ont continué à se rendre sur leur lieu de travail pendant le confinement, comme les livreurs ou les caissières.
« Toute cette France-là est la France perdante du système de retraite actuel. C’est celle qui gagne dans le système de retraite universel par points, celle des petites carrières et des carrières fracturées. »
Autre raison avancée pour ne pas renoncer : celle « des équilibres financiers » très fortement touchés par les conséquences de l’épidémie.
Pour M. Macron, si son projet initial ne peut pas être repris « de manière inchangée à la sortie de crise », « la question du nombre d’années pendant lesquelles nous cotisons demeure posée ». « Nous ne pouvons pas être un pays qui veut son indépendance, la reconquête sociale, économique et environnementale et être un des pays où on travaille le moins tout au long de la vie en Europe, estime-t-il encore. Nous devons être honnêtes avec nous-mêmes. » Un choix politique risqué à moins de deux ans de la présidentielle, d’autant que syndicats et patronat ont récemment fait savoir que l’urgence pour eux n’était pas de voir la réforme des retraites revenir au premier plan.
![Edouard Philippe et Emmanuel Macron, à l’Elysée, le 2 juillet .](https://img.lemde.fr/2020/07/02/0/0/4903/3025/688/0/60/0/b6d6545_5916780-01-06.jpg)
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« Il y aura une nouvelle équipe »
Le président a salué une relation de confiance « unique à l’échelle de la Ve République » avec Edouard Philippe, sans dire s’il le maintiendrait comme premier ministre dans les jours qui viennent. « Depuis trois ans à mes côtés, il mène avec les gouvernements successifs un travail remarquable », a souligné le chef de l’Etat, ajoutant :
« J’aurai à faire des choix pour conduire le nouveau chemin. Ce sont de nouveaux objectifs d’indépendance, de reconstruction, de réconciliation et de nouvelles méthodes à mettre en œuvre. Derrière, il y aura une nouvelle équipe. »
« Ce que nous avons réussi à faire pendant trois ans, avec beaucoup de confiance et de coordination, est inédit, contrairement à ce qui a été écrit », poursuit-il. La popularité d’Edouard Philippe s’établissait fin juin à 51 % de jugements positifs, contre 44 % pour Emmanuel Macron, selon un sondage Harris Interactive.
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« Un modèle qui consomme moins »
Interrogé sur le nucléaire, le président a affirmé que sa suppression n’était pas à l’ordre du jour :
« Jamais je ne supprimerai du nucléaire pour remettre de l’énergie fossile car ce serait accepter plus d’émissions de CO2. Supprimer du nucléaire a du sens quand on peut le substituer par du renouvelable non intermittent. Aujourd’hui, nous ne savons pas encore le faire complètement. (…) Un modèle qui consomme moins, c’est ça qui est pertinent en termes de souveraineté économique et en termes d’émissions de CO2. Le plan de relance aura ça au cœur. »
Il a également exclu une taxe carbone :
« Je pense que, sur les deux ans qui viennent, nous n’arriverons pas à remettre une taxe carbone. Cela doit être un débat de la prochaine élection présidentielle. »
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Décentralisation : vers « plus de différenciation »
En matière de décentralisation, le chef de l’Etat s’est dit favorable à « plus de différenciation parce qu’[il] pense que cela correspond à la fois à la demande des collectivités territoriales et au besoin des territoires », tout en soulignant que « rien ne peut se faire sans une large concertation avec l’ensemble des acteurs ». « Avec la différenciation, je suis prêt à faciliter les expérimentations », poursuit-il.
Il annonce « dès cet été une grande conférence des territoires où [il veut] de manière très concrète qu’on regarde au cas par cas, qu’on ne se perde pas dans des débats de cathédrale ». Pour le chef de l’Etat, reporter les élections départementales et régionales « est un faux débat ».
July 02, 2020 at 10:39AM
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Macron annonce une « rentrée difficile » et veut relancer la réforme des retraites - Le Monde
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