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Géotechnique - Le difficile partage des données - Chantiers de France

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L’explosion de la quantité de données sur le sous-sol accentue les discussions autour du caractère public de ces informations. Au-delà de la volonté de donner, cette démarche requiert la définition d’un cadre économique et normatif.

(Photo ci-dessus : la banque du sous-sol administrée par le BRGM donne accès à un certain nombre d’informations géologiques. BRGM)

À mesure que les bases de données croissent, les discours à leurs propos se multiplient. Et cette popularité remet en débat la mise en commun de ces informations, débat qui concerne entre autres la géotechnique. Dans le milieu du sous-sol, le partage existe déjà depuis Napoléon. Tout forage de plus de 10 m de profondeur doit être déclaré aux pouvoirs publics. Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), qui est chargé d’archiver ces mesures, a accumulé les résultats de 800 000 forages depuis 1970.

Cet organisme met à disposition ces renseignements sur un site internet. Néanmoins, cette obligation légale ne concerne qu’un nombre limité de caractéristiques : la profondeur, les observations géologiques et les venues d’eau. Les analyses géotechniques et chimiques ne sont pas rendues publiques. Elles pourraient dévoiler la présence de gisements de minerai, une indication précieuse que les commanditaires entendaient garder pour eux.

Changements d’usages

Cependant, le temps des mines est passé. « Aujourd’hui, les enjeux des forages ont changé, remarque François Robida, ancien directeur du programme « Données, infrastructures et services numériques » du BRGM. Ils sont avant tout destinés à la construction d’aménagement, au pompage de l’eau ou à la géothermie. Cette base commune pourrait donc s’enrichir de nouveaux éléments. Il y a déjà eu un gros travail autour de l’eau avec le Portail national d’accès aux données sur les eaux souterraines (Ades), mais les mesures géotechniques ne sont pas encore partagées. »

Au-delà de l’absence d’obligations réglementaires, les donneurs d’ordres accordent encore peu d’importance à ces savoirs, ou alors leurs actions restent maladroites. Parmi les quelques initiatives hexagonales, citons le Société du Grand Paris, qui a créé une base de données géotechniques interne.

Une culture à construire

Dans le domaine, les Pays-Bas pourraient tenir lieu d’exemple : les entreprises ont l’obligation de remettre leurs données géotechniques quand de l’argent public a été dépensé pour les obtenir. « Le BRGM encourage les collectivités locales et les maîtres d’ouvrage à collecter ces données. Ils comprennent que c’est dans leur intérêt afin de réduire les coûts et les risques des nouveaux projets, mais il y a encore toute une culture à acquérir, entre autres dans la formulation des appels d’offres », indique François Robida.

Néanmoins, les possesseurs de ses connaissances se montrent plus enclins à les transmettre que par le passé. « Les maîtrises d’œuvre étaient plutôt d’avis de les conserver pour leur propre usage. Toutefois, leurs archives ne sont pas toujours bien organisées. Ils commencent à considérer l’idée d’une entité gestionnaire comme un moyen de gagner du temps. Le BRGM pourrait jouer ce rôle. Mais il reste la question de l’équilibre économique de ce service. »

Améliorer les prévisions

La mutualisation de ces éléments pourrait contribuer à mieux prédire la composition du sol dans des zones encore inexplorées. Ce à partir des modèles de géostatistique existants, efficaces dans beaucoup de cas, ou de nouveaux modèles, développés avec des méthodes d’apprentissage automatique. Le dispositif Météeau des nappes du BRGM repose sur ce type d’algorithmes. Il prévoit le niveau des nappes souterraines à partir de l’historique des niveaux passés et des mesures de différents capteurs. Ses estimations s’affinent avec le temps. Un système comparable pourrait sans doute être conçu pour le sous-sol.

Le disposif Météeau des nappes du BRGM utilise des algorithme d’apprentissage automique pour prévoir le niveau des nappes. BRGM

Ces renseignements pourraient aussi être utilisés pour créer des jumeaux numériques. Certaines infrastructures entretiennent des interactions dynamiques avec le sous-sol, qui mériteraient un suivi continu : les forages géothermiques, les stockages de froid ou de chaud dans le sol, ou bien encore les projets d’enfouissement de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra).

Pas d’IA sans normalisation

Toutefois, pour pouvoir apprendre, ces logiciels ont besoin de beaucoup de données. Et des données toutes rédigées selon la même nomenclature. Pour les données géologiques du BRGM, elles seront disponibles d’ici fin 2020 dans le format défini par la directive européenne Inspire de 2007 pour le partage des données publiques de l’environnement. Hors du périmètre de cette directive, la tâche s’annonce plus difficile.

Les pratiques françaises en matière de mise en forme de l’information géotechnique ne relèvent d’aucune norme. Au Royaume-Uni, le rendu des résultats obéit au AGS (Association of Geotechnical & Geoenvironmental Specialists) data format. En France, la maîtrise d’œuvre se contente souvent d’un simple fichier PDF.

Pression du BIM

L’impulsion viendra peut-être du monde de la maquette numérique. Ses représentants souhaiteraient pouvoir importer sans efforts des données géographiques et géotechniques dans les logiciels BIM d’ici 2022. Dans l’Hexagone, le projet national Modélisation des informations interopérables pour les infrastructures durables (Minnd) œuvre depuis 2014 à définir des passerelles entre les bases de données de systèmes d’information géographique et les logiciels de modélisation 3D. « Convertir pour enregistrer toutes les données géographiques et géotechniques dans une base de données BIM n’est pas utile, explique François Robida. Les logiciels de maquette numérique n’ont besoin que d’une partie de ces informations. Il faut néanmoins définir harmoniser la façon d’échanger entre les différentes bases de données. »

Dans le même temps, des discussions sont en cours pour tenter définir des standards internationaux. L’entité de normalisation britannique BSI Group, très active dans le BIM, collabore avec l’Open Geospatial Consortium, un consortium international pour la promotion des systèmes ouverts d’information géographique. Ces échanges impliquent plusieurs groupes de travail, dont l’un consacré à la géotechnique. Il est piloté par le BRGM. « L’acquisition des données géotechniques a un coût. Elles mériteraient un petit effort de normalisation, observe l’ancien directeur. Avec les autres données, elles auront certainement une utilité dans les années à venir pour mieux connaître le sous-sol, mieux gérer ses ressources, mieux évaluer les risques et arbitrer les conflits d’usage. »

M. D.

Retrouvez le dossier complet consacré aux données de forage dans le hors-série fondations spéciales 2020 de Chantiers de France.




July 20, 2020 at 09:48PM
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